MICHPATIM
RÉSUMÉ. (Exode Ch.21V.1 , Ch.24 V.18)
1) Immédiatement après la promulgation des premières lois constituantes, la Paracha de notre semaine est consacrée aux lois du droit civique et à la description des principes et des règles qui donneront son aspect caractéristique à la structure de la société juive.
2) La Torah, commence par nous livrer une règle régissant les rapports entre les maîtres et les serviteurs, pour nous enseigner d’emblée, que les Bné Israël furent libérés d’Égypte afin de devenir les serviteurs d’Achem et nous enseigner aussi, que la liberté de tout individu doit être pour nous chose sacrée.
3) La Sidra contient 23 commandements positifs et 30 négatifs se rapportant aux différentes conditions sociales, serviteurs et servantes, aux coups et blessures, à la responsabilité civile, au vol au prêt, à la défense des intérêts, etc.…
4) La Paracha s’achève par le rappel des trois fêtes de pèlerinage et l’annonce de l’inscription des dix commandements sur des Tables de pierre.
Note liturgique
Les communautés du rite Sépharadi commencent cette haftara au chapitre Ch. 11 V.17 à Ch.12 V.17
Les communautés du rite Achkenazi commencent cette haftara au chapitre 12 verset 1 seulement.
• Michpatim contient 23 commandements positifs et 30 négatifs.
- Lois concernant l’esclave hébreu.
- Mitswa pour le maître d’épouser son esclave hébreu.
- Rachat de l’esclave juive.
- Exécution légale de certains coupables par strangulation.
- Réparation des dommages causés à autrui.
- Exécution légale par le glaive.
- Dommages causés par des animaux qui nous appartiennent.
- Dommages causés par une fosse, puits.
- Jugement à appliquer à un voleur.
- Dommages causés par le bétail dans les champs.
- Dommages causés par le feu.
- Lois concernant le gardien bénévole.
- Plaintes et dénégations devant le Tribunal.
- Lois concernant le gardien rétribué ou le locataire.
- Loi concernant des objets empruntés.
- Jugement du suborneur.
- Interdiction au maître de vendre à un autre l’esclave juif.
- Interdiction de diminuer nourriture, habillement et devoir conjugal à celle qu’il a épousée.
- Interdiction de frapper père ou mère.
- Interdiction de consommer la chair du taureau condamné à la lapidation.
- Ne pas laisser vivre une sorcière.
- Interdiction de blesser un prosélyte par des paroles.
- Interdiction de molester l’étranger dans les transactions.
- Interdiction de molester l’orphelin et la veuve.
- Prêts aux nécessiteux.
- Suivre l’avis de la majorité.
- Assistance pour décharger une bête.
- Abandon des terres et de leur produit la 7ème année.
- Abstention de tout travail le Chabbat.
- Célébration des fêtes de pèlerinage.
- Offrande des prémices.
- Interdiction de réclamer le remboursement immédiat au débiteur en difficulté.
- Interdiction de servir d’intermédiaire à un prêt usuraire.
- Ne pas maudire le juge.
- Interdiction du blasphème.
- Interdiction de maudire le prince.
- Interdiction de changer l’ordre des prélèvements sur les récoltes.
- Interdiction de consommer la chair de l’animal tarèf, déchiré.
- Interdiction au juge d’écouter une des parties si ce n’est en présence de l’autre.
- Interdiction d’accepter le témoignage d’un homme pervers.
- Interdiction de condamner à une voix de majorité dans une affaire criminelle.
- Règles de procédure dans une affaire criminelle.
- Pas de sentiments de pitié pour le pauvre, en justice.
- Interdiction de fléchir le droit d’un pécheur.
- Interdiction de condamner lorsqu’il n’y a pas de témoins.
- Interdiction d’accepter l’argent de corruption.
- Interdiction de prêter serment en invoquant une idole.
- Interdiction d’entraîner d’autres à l’idolâtrie.
- Interdiction de sacrifier l’agneau pascal lorsqu’il y a du hamèts en notre possession.
- Interdiction de garder les graisses de l’agneau pascal jusqu’au matin.
- Interdiction de faire cuire la viande dans le lait.
- Ne pas chercher l’alliance avec les sept peuples.
- Ne pas permettre à un idolâtre de venir habiter en Èrèts Yisraèl.
INTERDICTION DE BLESSER UN PROSÉLYTE PAR DES PAROLES.
a) Il est interdit d’offenser un prosélyte par la parole le Guer : est un étranger qui a accepté les lois de la Torah). Nous lisons en effet (Exode 22, 20): « tu ne contrasteras point l’étranger ». Or bien que la même interdiction se trouve également à l’égard d’un frère (Lév. 25, 17) et qu’un prosélyte, aussitôt qu’il est converti, jouisse des mêmes droits que l’autochtone, la Torah l’a répétée, et même plusieurs fois, à l’égard de l’étranger converti. Car les paroles blessantes toucheraient davantage ce dernier qu’un juif de naissance qui, lui, a des proches et des amis pour prendre sa défense. De plus, il est à craindre qu’à la suite d’une humiliation, le prosélyte, par dépit, ne revienne à ses croyances erronées. Ce serait déjà une offense à son égard, dit le Sifra, que de lui rappeler son origine païenne!
b) Cette Mitsvah doit, en plus des raisons indiquées ci-dessus, nous apprendre à dominer nos mauvais instincts qui nous poussent à faire le mal en abusant « de notre supériorité » : en face de cet homme, livré sans défense à chacun de nous, la Tora nous met en garde doublement, en nous demandant d’aimer l’étranger et en nous interdisant de l’humilier; elle nous demande de le traiter comme un frère. Ainsi notre âme se trouvera purifiée, parée de toutes les vertus et capable de se perfectionner selon la Volonté d’Achem. c) Nos Sages ont multiplié les mises en garde au sujet de ce commandement qui, rappelons-le, est mentionné 24 fois dans la Torah! Ils ont fait remarquer notamment que la Torah, en parlant de l’affection que nous devons porter aux étrangers, s’exprime dans les mêmes termes que pour l’amour de Dieu:« tu aimeras Achem… » et « vous aimerez l’étranger ».
Les instruments de la Providence
……ET DIEU A CONDUIT (CET ACCIDENT) DANS SA MAIN……….
Rachi pose la question: Comment cela peut-il venir de Dieu ? La réponse se réfère, selon la sentence de Rabbi Chimon Ben Lakich (Makkoth 10 b), au proverbe du roi David: «La méchanceté vient des méchants», et non de Dieu. C’est d’un cas de ce genre, où Dieu fait justice de deux coupables restés exempts de punition que traite notre texte. Il s’agit, à titre d’exemple, de deux hommes, dont l’un a tué par inadvertance, l’autre avec préméditation. Il n’y a pas de témoins qui puissent témoigner de la chose. Ce dernier n’a donc pas été mis à mort, le premier n’a pas été banni (dans une des villes de refuge réservée aux meurtriers involontaires). C’est alors que l’Eternel les fait rencontrer dans une même auberge. Celui qui a tué avec préméditation est assis sous une échelle, et le meurtrier involontaire monte sur l’échelle, tombe sur l’assassin volontaire et le tue. Des témoins viennent en témoigner et le font condamner au bannissement.
• Le jeu du pur hasard
Ainsi le meurtrier involontaire est envoyé en exil, et celui qui avait tué avec préméditation est tué. Ce cas nous révèle que les faits accidentels, étrangers au libre arbitre, loin d’être le jeu du pur hasard, ont leur origine en Dieu. Ils peuvent constituer des moyens providentiels au service de la justice punitive envers les coupables non poursuivis. La même vérité se retrouve comme base de la loi contenue dans Deuteronome (XXII,8) : «Si tu construis une nouvelle maison, tu feras un parapet autour du toit, pour éviter que ta maison ne soit cause d’une mort, si l’homme qui doit tomber en tombe». Rachi explique au sujet de ces derniers mots: «Cet homme devait tomber et se tuer (car il était coupable), mais, malgré cela, évite d’être la cause de sa mort, car la Providence se sert des purs pour accomplir des actes de mérite et des coupables pour exécuter des méfaits.
Il ressort de ces réflexions que les individus peuvent, eux aussi, devenir les instruments de la Providence dans l’exécution de ses desseins chaque être humain doit s’entourer de toutes précautions pour éviter le pire .
Chronologie de l’histoire
- 1″ SIVAN :Les Bné Israël arrivèrent au désert de Sinaï.Ce désert a cinq noms dans la Torah: Horeb, Tsine, Parann, Kdémot et Sinaï.
- 6 SIVAN : Moché reçut la Torah (dix commandements) sur le Mont Sinaï, un Chabbat. Rabbi Yéochoua pense que le 1″ Sivan de l’année de la Révélation, tombait un dimanche; si bien que la Révélation elle-même, est intervenue le Chabbat 7 Sivan.
- Si la Torah avait été donnée un jour de semaine, certains Juifs auraient pu croire, le Chabbat étant un jour de repos, qu’ils seraient autorisés à « se reposer » également de la Torah le jour de Chabbat. Or, en donnant la Torah un Chabbat, Achem nous incite par là-même à étudier constamment.
- 7 SIVAN : Au milieu de la journée, Moché monta sur le Mont Sinaï et y resta 40 jours
- 17 TAMOUZ : Moché descendit de la montagne et brisa les tables de la Loi en voyant le peuple se livrer à l’idolâtrie (Exode XXXII, 20).Voyant Aharon s’activer autour de l’idole, Moché le croit complice du peuple. Mais lorsque Achem ordonnera de consacrer Aharon comme grand-prêtre du Sanctuaire nouvellement érigé, Moché saura qu’Aharon était innocent.
- 18 TAMOUZ : Moché remonta sur le Mont Sinaï pour implorer le pardon. Il y resta 40 jours, montant et redescendant chaque jour.
- 28 AB : Moché redescendit avec de nouvelles Tables de la Loi.
A Roch-Hodech Éloul, Moché monta au Mont Sinaï pour y demeurer 40 jours et 40 nuits. C’était la troisième période de même durée, que Moïse passait dans la proximité d’Achem. - 10 TICHRI : Moché rapporta le pardon divin. Le 10 Tichri correspond au jour de Kippour.
- 11 TICHRI : Les Hébreux commencèrent la construction du Michkane, jusqu’au 11 Adar.
OEIL POUR OEIL
» Œil pour œil, dent pour dent, c’est la Loi du Talion » – pour traduire une idée de vengeance.– Qui pourrait penser qu’après tant d’explications données par nos Sages et transmises au grand public en toutes les langues connues, on rencontre des gens qui colportent encore ce genre d’interprétation ?
la Loi du Talion est tombée dans le domaine public avec une signification non conforme à la tradition, non conforme au texte biblique dans sa littéralité.
Le texte dit: » Si des hommes se querellent …. si un malheur s’ensuit, tu feras payer corps pour corps, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, plaie pour plaie, contusion pour contusion » (Exode 21/22.25.)
Il s’agit de dommages et intérêts qui doivent être versés à la victime proportionnellement à la blessure occasionnée.
La Torah est la Loi d’Achem révélée aux hommes pour régler leur vie en société et accéder à titre individuel à un plus grand état de sainteté permettant de vivre dans une société.
L’homme ne peut jamais se faire justice lui-même. Lorsqu’il se sent lésé, il doit s’adresser à des tribunaux qui trancheront et donneront leur verdict dans tous les domaines de l’activité humaine. Même en cas de légitime défense, l’individu inculpé doit justifier son geste devant la justice qui décidera si oui ou non ce principe de légitime défense peut s’appliquer à son cas.
l’œil vigilant de la Torah
Le judaïsme s’intéresse aussi bien à toute la vie de l’homme au niveau de son intimité qu’au niveau de son activité sociale et de son insertion dans un ensemble. Il n’est aucun domaine échappant au législateur ou à l’autorité de la Torah. Lorsque Rabbi Yehouda Hanassi compulsa la Michna vers la fin du second siècle de l’ère courante, il divisa la Michna en six ordres qui englobent toute la Loi orale – reflet des différents aspects de la vie. C’est ainsi que nous trouvons dans la Michna l’ensemble des relations que l’homme peut concevoir au cours de sa vie.
La Michna a été résumée dans la formule ZeMaNe NaKaTe, initiales des 6 titres de la Michna.
1 – Zera’im – semences -relations de l’homme à la terre – (l’espace).
2 – Moéd – Rendez-vous – fêtes – relations de l’homme au temps.
3 – Nachim – Femmes – Relations de l’homme à la femme (vie familiale)
4 – Nezikim – dommages – relations de l’homme à son prochain (vie en société)
5 – Kodachim – Choses sacrées – relations de l’homme à la sainteté.
6 – Taharoth – Choses pures – relations de l’homme à la mort.
D’après ces titres, il est évident qu’aucun domaine n’échappe à l’œil vigilant de la Torah qui légifère pour toutes les circonstances de la vie. Se basant sur les principes de la Torah, nos Sages dépositaires de la tradition, ont édicté tout le système judiciaire et social..
Achem, il est vrai, a tout créé et intervient constamment dans nos vies, mais c’est lui-même qui a crée un monde tel que l’intervention de l’homme soit indispensable. L’homme est un associé dans cette œuvre de création continue.
HISTOIRE DU PAYSAN
Rabbi Ychmaël et Rabbi Akiba se promenaient dans les rues de Jérusalem en compagnie d’un paysan. Un malade les accosta et leur demanda conseil. Les deux Maîtres lui dirent quel remède prendre pour guérir…
Le paysan leur demanda – » Mais qui donc l’a rendu malade ?
- Ils répondirent : » C’est Achem, le Saint béni soit-il.
- Alors pourquoi vous mêlez-vous d’une affaire qui n’est pas de votre ressort ? Si c’est Achem qui l’a rendu malade, c’est à Achem de le guérir !
- Quel est ton métier ? Lui demandèrent les deux maitres.
- Je suis un paysan, d’ailleurs vous le voyez puisque j’ai en mains une serpette.
- Alors dis nous : Qui a crée la vigne ?
- C’est Achem le Saint, béni soit-il –
- Et toi tu te mêles d’une affaire qui n’est pas de ton ressort. Lui il a créé et toi, tu cueilles les fruits
- Oui, bien sûr ! Mais si moi je ne labourais pas, ne sarclais pas, n’arrosais pas la terre ne produirait rien …
Eh bien ! conclurent les deux Rabbins, il en est de même pour l’homme : si le médecin ne le soignait pas et ne lui prescrivait pas de remèdes, il ne pourrait pas vivre. De même que la vigne, cette création de Achem, a besoin du paysan pour vivre et se développer, l’homme cette créature divine, nécessite l’aide du médecin pour guérir et lui permettre de prolonger sa vie «
(tiré de : Une règle de vie – Rabbin Jean Schwartz).
Un monde à parfaire
On peut étendre cette histoire à tous les domaines de la vie – Achem a voulu associer l’homme à la marche du monde. Il a créé non un monde parfait mais un monde à parfaire dans lequel le rôle de l’homme est primordial.
C’est ainsi que nous trouvons dans la Torah l’obligation d’instituer des tribunaux et d’organiser la justice ; cette justice sera d’inspiration divine. Il est donc naturel de trouver dans la Torah les règles selon lesquelles les juges donneront leur verdict. Toutes les relations humaines à Achem, à la terre, au voisin etc. … seront définies dans leurs grandes lignes, à charge pour la Loi orale d’en donner les modalités d’application.
Une double science
Le Gaon de Vilna en déduit qu’il est nécessaire pour un Juge en Israël de maîtriser une double science, celle de la Torah, mais aussi celle des réalités terrestres pour être en mesure d’apprécier la vérité des déclarations des témoins.
1 – NEZEK : La blessure physique -I.P.P. – Incapacité physique permanente – par exemple la perte d’un œil ou de tout autre membre. On évalue cette perte et le coupable dédommage la victime.
2 – TSA’AR : Pretium doloris – (le prix de la douleur) – La douleur causée par la blessure est
également évaluée par rapport à l’état de résistance de la victime et donne lieu à un
dédommagement matériel.
3 – RIPPOUY : Les frais médicaux et pharmaceutiques entraînés par la blessure ou la perte d’un membre, seront évalués et payés à la victime par le coupable.
4 – CHEVETE / Chômage : I.T.P. – Incapacité de Travail Partiel et I.T.T. Incapacité Totale de Travail – Une blessure ou la perte d’un membre pouvant entraîner la victime à garder la chambre et par conséquent à ne pouvoir travailler. On évalue le dommage causé à la victime pour la perte ou l’incapacité de travail.
5 – BOCHETE : Préjudice moral – L’humiliation subie à la suite de l’infirmité consécutive à une blessure est également évaluée. Si un homme insulte un autre homme sans autre conséquence que l’humiliation subie, l’affaire peut être portée devant le juge. C’est le tribunal qui doit procéder à toutes ces évaluations et obliger le coupable à payer.
Telle est la Loi dite du Talion, un principe de base pour la justice inspiré par Achem et appliqué par les hommes.
Il ne s’agit pas de conduite morale, sans justice, il ne saurait exister de morale.
Le monde repose sur trois piliers : la justice – la vérité – et la paix.
Sans justice point de vérité et sans vérité point de paix.