Pasahat Vaéra Chémot = Exôde
Ch.6 V.2 au Ch.9 v.35
RÉSUMÉ.
- Achem confirme la promesse de la libération prochaine et après un bref énoncé de la généalogie de Moché et d’Aaron, Achem les engage à se présenter immédiatement devant le maître de l’Égypte avec des signes miraculeux, le bâton qui deviendra serpent, et l’eau qui se transformera en sang, devront soutenir leurs paroles. Cependant, la première apparition des deux frères reste sans résultat et Pharaon se moque d’eux et ne donne aucune suite à l’ordre qui lui est signifié.
- C’est alors que commence l’effroyable suite de plaies qui s’abat sur l’Égypte.
- Les fleuves et les cours d’eau se transforment en sang.
- Les grenouilles envahissent le territoire.
- La vermine à son tour s’ajoute aux souffrances des hommes et des bêtes
- les fauves se déchaînent contre le pays.
- La peste,
- les pustules (les furoncles)
- et la grêle augmentant encore le désespoir du peuple égyptien, mais Pharaon continue à s’entêter, et ne libère pas le peuple hébreux.
- Après la 9eme plaie, le souverain égyptien a même été jusqu’à chasser Moché de sa présence en lui défendant, sous peine de mort, de se présenter une nouvelle fois devant lui
Aftara Hézkiel 28,25-29,21
Ce résumé de la présente prophétie d’Ézéchiel permet de saisir les raisons qui ont milité pour le choix de cette haftara:
La Haftara nous décrit le sort que réserve Achem à l’Égypte, cette nation, orgueilleuse comme un crocodile qui a des poissons comme alliés, et qui, de ce fait, se permet d’exploiter d’autres hommes. Aussi, Hachem transformera-t-il ses cités en dévastation, en exilera-t-il la population et ne permettra-t-il son retour après quarante ans, que pour voir restauré en Égypte une nation modeste, incapable dorénavant de dominer sur les autres.
Ce châtiment c’est pour avoir, pendant plus de deux siècles, réduit en esclavage le peuple d’Israël.
» Hachem ne veut pas la mort du pécheur, mais désire seulement le voir changer son comportement pour pouvoir continuer à vivre ».
*On peut trouver cependant, dans les détails également, des points communs entre ces deux textes. Le Nil subit, la première des 10 plaies; ce fleuve constituait alors déjà un sujet d’orgueil pour sa population; en s’attaquant à lui, Hachem montrait qu’il était « plus fort » que le fleuve. Dans notre texte aussi, le Nil est représenté comme un sujet d’orgueil pour le pharaon.
*Mais il y a lieu surtout de remarquer que les dix plaies qui devaient briser la résistance du pharaon, avaient pour but de faire « reconnaître Hachem » par ce souverain et par son peuple.
Or, dans la haftara, nous voyons, parallèlement, qu’un but identique est poursuivi ici par Hachem 5 fois dans notre texte nous trouvons le refrain: « Et ils reconnaîtront que je suis Hachem » (28, 26; 29, 6; 9; 16; 21). Cette expression sert d’ailleurs de conclusion à tout notre passage.
COMMENTAIRES DE VERSETS CHOISIS DE LA THORA
ET J’ENDURCIRAI LE COEUR DE PHARAON.
« Si Hachem a endurci son cœur, quel était alors son péché et pourquoi fut-il puni ? » Telles sont les « questions que tous se posent », selon l’expression d’Ibn Ezra et de Nahmanide. Nous ne citerons, parmi les nombreuses solutions qui furent tentées, que les réponses de nos trois plus éminents penseurs. Maïmonide, qui se penche sur la question du libre arbitre et qui étudie à ce propos les versets de la Bible qui semblent le dénier à l’homme, écrit: «Il peut arriver qu’un homme commette un grave péché, ou de nombreux péchés, et que le Juge de Vérité décide de punir ces actes, exécutés de sa propre volonté et en toute connaissance de cause, en l’empêchant de se repentir : la possibilité lui est enlevée de reprendre le bon chemin afin qu’il meure pour le péché qu’il a commis. …
Pharaon a été trop loin dans sa politique de refus. Il promettait de faire un geste dans le sens de la libération du peuple d’Israël et dès que la plaie cessait, il revenait sur sa parole. Cette attitude rappelle bien l’actualité quelque part dans le monde ! La coupe finit par déborder et le « seuil » était dépassé. Pharaon n’était plus récupérable. L’endurcissement de son coeur était déjà le début de sa punition. Le point de non-retour était franchi, il n’y avait plus la possibilité de faire marche arrière.
Pharaon n’a pas compris l’aide venue du ciel pour le sortir de son entêtement. Il a refusé de voir dans les plaies d’Égypte un signe et une chance de rédemption à la fois pour lui-même et pour le peuple d’Israël.
C’est pourquoi il est écrit dans la Thora : J’endurcirai le cœur de Pharaon. Il avait en effet commencé par pécher de – son propre chef en martyrisant les Israélites qui habitaient son pays. C’est la raison pour laquelle la route du repentir lui fut barrée jusqu’à la punition finale.
Il en fut de même pour Si’hone, roi de Hechbone (Deut. II,30) des Cananéens, qui, pour leurs abominations furent empêchés de se repentir (Is. XI,20) et des juifs eux-mêmes à l’époque d’Elicha (I Rois XVIII,37).
Il s’ensuit donc que Dieu n’a pas obligé le Pharaon à maltraiter Israël. Il a péché en toute liberté et il a été puni par l’empêchement du repentir »
Réflexion sur les 10 plaies
« Le Pharaon vit qu’il y avait le calme, il appesantit son coeur et ne laissa pas partir les enfants d’Israël »En physique, le principe est bien connu : dans chaque domaine il existe un « seuil » qui ne peut être dépassé. Exemple: une barre de fer est élastique. Sous l’action de la chaleur, elle peut être étirée, mais il arrive un moment où la barre casse, car l’élasticité du fer a une limite. Il en est de même dans l’économie spirituelle du monde. Il existe dans le domaine moral des « seuils » qui, une fois dépassés, entraînent des catastrophes au niveau individuel ou collectif. Dans le langage courant, on désigne ce seuil par « la goutte qui fait déborder le vase »…
Le rationalisme, battu dans ses négations, a pris le parti de ramener les dix plaies à des fléaux ordinaires, tels qu’on peut en rencontrer chaque année en Egypte, à des degrés divers.
En vérité, le récit de Moché est remarquablement sobre et sans exagération. C’est le compte rendu fidèle de calamités qui, offrant certains traits de comparaison avec des fléaux ordinaires, sont cependant uniques par leur intensité, leur progression et leur accumulation en un court laps de temps.
Les dix plaies forment un système dont les différentes parties se succèdent selon un plan général et rigoureux. Les neuf premières plaies se divisent en trois séries de trois plaies chacune
- le sang, les grenouilles, la vermine ;
- les bêtes féroces, la peste, les ulcères
- la grêle, les sauterelles, les ténèbres.
Chaque série progresse jusqu’à son point culminant et la dernière série est le summum des plaies précédentes.
Nos sages admettent d’une manière générale que les dix plaies furent des châtiments infligés aux Égyptiens en représailles des actes uniques qu’ils avaient perpétrés contre les Juifs, appliquant le principe de « mesure pour mesure ».
Rachi cite l’opinion de Rabbi Juda, selon laquelle, chaque plaie durait le quart d’un mois; durant les trois premiers quarts du mois, Moïse avertissait le Pharaon et durant le dernier quart, la plaie frappait l’Égypte.
On admet que Moché et Aaron firent leur première apparition devant le Pharaon vers la fin du mois d’Iyar, que les dix plaies sévirent jusqu’au 15 Nissan, si bien qu’elles s’étendirent sur une durée approximative d’un an.
VA-T’EN VERS PHARAON (Ex. 7:15).
Achem dit « Va voir Pharaon le matin de bonne heure, tu le trouveras près du fleuve. » Pharaon se considérait comme un dieu. Il affirmait pouvoir boire et manger sans avoir d’excréments. C’est la raison pour laquelle chaque matin, il allait de bonne heure au bord du Nil pour y déféquer en cachette. Il ne fallait pas que quelqu’un puisse le voir. C’est pourquoi Achem, dit à Moché de se rendre de bonne heure auprès du fleuve pour y trouver Pharaon et lui dire qu’il devait libérer le peuple d’Israël.
Le bâton se transforme en serpent
ON JETA SON BÂTON DEVANT PHARAON ET DEVANT SES ESCLAVES (Ex. 7: 1 0).
Achem dit à Moché et à Aaron : « Quand Pharaon vous parlera, il vous demandera de produire une preuve de votre mission par un signe miraculeux. Tu [Moché] devras alors dire à Aaron : ‘Prends ton bâton et jette-le devant Pharaon. Qu’il devienne une vipère* ……………………………
Pharaon appela ses sorciers ; ceux-ci, faisaient également apparaître des serpents, mais c’était grâce à la magie. Achem, retransforma alors le reptile en bâton qui engloutit tous les serpents des sorciers. C’était une allusion aux Égyptiens engloutis dans la mer Rouge.
- Le Behaye écrit : Le verset dit : LES BÂTONS DEVINRENT SERPENTS (Ex. 7:12), c’est-à-dire : les sorciers faisaient comme si les bâtons se transformaient en serpents ; mais, en vérité, il n’en était rien. Les sorciers trompaient les gens, afin qu’ils croient avoir affaire à des serpents’.
- vipère : Tanin en hébreu. Certains disent qu’il s’agit du même serpent (nahach) qu’il devint au Buisson Ardent (4.3)
- D’autres disent qu’au Buisson Ardent, Achem donna à Moché un signe pour les Israélites mais, devant Pharaon, le bâton se transforma en crocodile (Ibn Ezra ; Kli Yakar) et qu’il s’agissait du bâton d’Aaron et non de celui de Moché
- Tours de magie : Lahai en hébreu. Certains disent que ce nom a une connotation de vitesse, et désignerait donc la prestidigitation (Ibn Ezra)
- D’autres estiment qu’il s’agit d’une sorte d’hypnotisme (Ba’hya), faisant peut-être usage d’une épée (Radak)
- Selons d’autres opinions, puisque le mot lahat désigne généralement le feu ou une flamme, il s’agirait d’une sorte de magie utilisant le feu (Ramban). Il est intéressant de noter qu’en égyptien, le même mot (réka) désigne à la fois le feu et la magie. Selon le Talmud (Sanhédrin 67b ; Rachi), cette magie utilisait l’épée postée à l’entrée du Jardin d’Eden (Genèse 3.24). Elle n’utilisait pas « l’Arbre de vie », mais les forces du mal qui formaient une écorce autour de l’arbre. D’autres sources déclarent que lahat est une autre forme de lat signifiant « arts cachés » (Ibn Jana’h ; Ralbag).
Quelques extraits du Midrache:
– Les eaux du Nil protégèrent Moché lorsqu’il fut placé sur le fleuve dans une corbeille. Pour l’accomplissement de la première plaie, la transformation des eaux du Nil en sang, D. dit à Moché d’ordonner à Aaron de frapper le fleuve. Moché ne pouvait en effet sanctionner les eaux qui avaient contribué à son sauvetage. Même remarque pour la plaie des grenouilles qui sortaient du Nil.
– Les grenouilles tourmentèrent les Égyptiens au point de les empêcher de vivre : on les trouvait partout et leur coassement devenait obsessionnel.
– Le fléau de la vermine lut également amené par Aaron. Moché, là encore, ne pouvait frapper la terre d’où devait sortir la vermine, car le sable de la terre lui avait servi à ensevelir l’égyptien qu’il avait tué.
– Lorsque le fléau des bêtes féroces toucha à sa fin, toutes les bêtes disparurent. Non comme les grenouilles qui mourraient et provoquèrent une terrible puanteur dans le pays d’Égypte. Les animaux disparurent purement et simplement de telle sorte que les Égyptiens ne purent tirer aucun profit de leur fourrure, ni de leur peau.
– Le fléau de la peste tua le bétail et les moutons des Égyptiens, mais pas un seul animal appartenant à un Israélite ne fut contaminé.
- attaqua les Égyptiens suivant le plan d’un roi assiégeant une ville :
en premier lieu, destruction des points d’eau,
puis sonnerie des trompettes pour effrayer les habitants et semer l’épouvante (les grenouilles coassaient).
Troisième point: lancer de flèches sans discontinuer (les bêtes féroces) ;
entrée en action des lanciers (la peste) ;
arrosage avec des produits brûlants (les ulcères) ;
lancer d’objets divers (la grêle) ;
lancer du gros de l’armée (les sauterelles);
siège dans les endroits retranchés (les ténèbres emprisonnant les Égyptiens);
enfin, exécution des principaux dignitaires (la mort des premiers-nés).